richard virenque

Hommage à la petite reine

Non, je ne veux pas vous parler de la reine des neiges,  mais d’une passion qui fut autrefois la mienne, celle du vélo. Après un article sur les accents, un petit peu de sport ne nous fera pas de mal. Du moins, c’était le sujet de départ…

Des fous à l'assaut des montagnes

Je n’ai pas oublié les années où j’enchaînais les côtes et les cols. Pauvre fou sous des températures caniculaires, rien ne m’arrêtait alors. Je me prenais pour ces matadors de la petite reine ; Virenque ou Jalabert. Sauf que je tournais aux boissons au mieux vitaminées et à l’eau pendant qu’eux – on le su plus tard – tournaient à l’EPO. Quoi de mieux dans le récit de « La fille qui voyage au-delà des mers » d’introduire deux éléments majeurs de ma vie : la montagne et le vélo.

La montagne pouvait impressionner quand on ne la connaissait pas. Inamovible, elle grossissait à mesure que l’on s’approchait. Vue de loin, elle faisait décor de carte postale, puis on commençait à monter ses flancs et l’on voyait partout des arbres, bien plus nombreux – en fin de compte – que les êtres humains. La discussion commença de manière banale, beaucoup de choses pour elle étaient nouvelles. Certaines pratiques, qui pour nous étaient courantes, ne l’étaient pas forcément ailleurs.
— Il y en a qui montent à vélo ?!

J’acquiesçais de la tête. Il y avait des êtres assez fous pour grimper les pentes abruptes de Belledonne. J’en avais fait partie autrefois, dans mon autre vie, celle dont j’avais définitivement tourné la page. On ne s’élevait pas que pour l’effort physique, la dimension mentale comptait elle aussi. On perdait des litres de sueur pour parvenir au sommet d’un col, conquérir une part de gloire dans la souffrance. Je l’ai fait, pouvait-on s’enorgueillir. Une lutte contre soi en même temps qu’une satisfaction incomparable. Celui qui avait vaincu pouvait redescendre dans la vallée tel le vainqueur d’Alésia avec comme char son vélo et comme lauriers son casque.

richard virenque

Une lutte contre l'adversité et soi-même

C’est peut-être le fait d’avoir souffert dans des cols qui m’a permis plus tard d’écrire avec panache, mais parfois aussi de souffrir pour relire une énième fois un passage de roman, de sourire avec indifférence au mépris de certains. Le charisme m’a sans doute manqué lors d’un rendez-vous avec une grande prêtresse de l’édition française ? Qu’à cela ne tienne, E Capoë (Et alors) comme dirent les Rumilliens en 1630 face aux troupes de Louis XIII.

J’ai gardé de cette passion le sens du combat. Le vélo rangé – en tout cas pour un moment – j’ai dégainé ma plume contre un certain nombre de ce que je pense être des inégalités. Cela ne plaît pas toujours, mais qu’importe, j’ai emprunté une citation « Tuez-les-tous, Dieu reconnaîtra (peut-être) les siens » comme titre d’une roman policier plutôt déjanté. Cela met au bord du malaise certains visiteurs de salon ; j’ai dénoncé dans ce même récit la menace de l’extrême droite qui s’avère aujourd’hui plus dangereuse que jamais. Dans le suivant, j’ai pointé du doigt la déshérence des quartiers et la bêtise de la violence des hommes. Force est de constater que la violence est adoptée par beaucoup comme la solution face aux problèmes alors que la non-violence – qui ne veut pas dire inaction – est sublimement ignorée.

siège Rumilly 1630
Le siège de Rumilly en 1630 par les troupes de Louis XIII

La non-violence

Ce concept initié par Gandhi pourrait bien inspiré cette société schizophrène. Toujours prêt à tirer sur le voisin, plus encore sur ceux qui viennent d’ailleurs. Monter un col fait mal aux jambes, entendre les élucubrations de certains chroniqueurs parisiens fait mal à la tête. C’est qu’ils ont un espace qu’ils n’avaient pas auparavant, une tribune offerte à tous les haineux et les aigris, la télévision leur a déroulé le tapis rouge. Ils ont beau jeu de dénoncer la bien-pensance si l’on n’est pas d’accord avec eux, de taper sur les faibles et pas sur les forts. Le migrant a bon dos. On met des contradicteurs fragiles face à des dragons. La peste gagne peu à peu les esprits, mais ce virus ne s’appelle pas Corona.

Gandhi

Arrivé à ce niveau-là, je m’aperçois que j’ai dévié de ma route. Le sujet se trouvait être au départ la petite reine. Mais le vélo a-t-il encore le moindre intérêt de nos jours ? Vous avez quatre heures. Vous souhaitez réagir, n’hésitez pas. A bientôt pour une prochaine chronique.

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :