accueil migrants

L’Union Européenne doit tourner la page Dublin

Alors que comme chaque année de nombreux migrants arrivent sur les côtes européennes, l’Italie et la Grèce se disent une nouvelle fois dépassée. Je vous explique pourquoi l’Union Européenne se doit de réagir en tournant la page Dublin.

Combien de migrants arrivent en Europe ?

Première question et pas des moindres, combien de personnes franchissent les frontières de l’U.E. de manière illégale ? Selon l’Agence européenne Frontex et après les pics enregistrés entre 2014 et 2017, près de 90 401 migrants étaient parvenus sur le sol européen en 2018. Certes, les autorités italiennes notent actuellement une augmentation des arrivées sur les côtes et s’en inquiètent. L’extrême-droite italienne agite ainsi la menace du coronavirus pour rejeter tout accueil d’étrangers comme l’indique cet article de news 24. Cependant, on est loin des 1,8 millions de personnes arrivées en 2015.

entrees illegales europe

Où vont les migrants ?

Les candidats à l’Exil visent bien sûr les pays les plus riches et les plus attractifs. Leur but peut-être aussi lié à la langue qu’ils parlent le mieux, l’anglais par exemple pour les Afghans ou les Nigérians ;  le Français pour les ressortissants de l’Afrique du nord et du centre. On observe ainsi en 2017 que l’Allemagne a accueillie 900 000 personnes, le Royaume-Uni 600 000, l’Espagne 500 000, la France presque 400 000. Cette dernière se classe 7ème pays d’accueil dans le monde alors que sur le plan économique elle se situe aussi à la 7ème place, on pourrait y trouver une certaine logique… Plus encore, rapporté à la population, les chiffres vont à l’opposé des représentations que nous avons…

Par rapport à leur population, c'est le Liban (1 personne sur 6), la Jordanie (1 sur 14) et la Turquie (1 sur 22) qui accueillent le plus de réfugiés en 2018. La Suède (1 sur 40) et Malte (1 sur 50) figurent également parmi les 10 pays qui comptent le plus de réfugiés par rapport à leur démographie. En valeur absolue, l'Allemagne est le seul pays européen à faire partie des 10 pays du monde accueillant le plus de réfugiés en 2018.
entrees migrants par pays

Le système Dublin

Une des principales raisons de la colère de l’Italie et de la Grèce, c’est que les personnes qui arrivent sur le sol européen sont obligées de demander l’asile chez le premier pays qui les a arrêtées. Eh oui, une bonne façon pour les autres pays ensuite de refuser les demandes d’asile ultérieures des migrants comme je l’ai expliqué dans le roman « La fille qui voyage au-delà des mers »

En 2011 déjà, The Economist parlait du passage des migrants comme d’un « flot inarrêtable ». Qu’a fait le gouvernement grec en réaction ? En 2012, il a érigé une clôture de 10,5 km de long avec la Turquie. Puis il appela au secours…
Qu’ont décidé les États européens ? Dès 2003, soi disant sur de bonnes intentions, l’Union européenne adopta le règlement Dublin II, particulièrement injuste, qui indique que le requérant n’a pas le choix du pays d’accueil. Il s’agit du premier pays de l’UE qui recueille les empreintes digitales grâce aux banques de données EURODAC. Par la force des choses, ce sont des pays «périphériques » où le migrant n’a pas sa place. Ce système les dissuade alors de demander l’asile dans les autres pays, le taux d’acceptation étant très bas.

Et la France dans tout ça ?

Je vous ressers un passage pour que vous compreniez l’hypocrisie de nos dirigeants.

Un ministre s’est rendu à Fylakio sans que je puisse l’identifier. Devant les caméras, il déclara paradoxalement avec froideur que « c’était quelque chose de très touchant, émouvant, mais que la Grèce ne pouvait pas être la porte d’entrée de l’Europe. » Des Tunisiens et Marocains lui avaient dit qu’ils étaient arrivés par Istanbul et qu’ils rêvaient d’aller en France ou en Italie.
« Ça ne peut pas être le moyen d’entrer. »

Mais quel est le moyen d’entrer, au juste ? Son discours sonnait faux.
L’État français refusait toute immigration autre que celle
du droit d’asile. Pourtant, comment avaient fait les aïeux
de la plupart de ses habitants ? Étaient-ils tous des Gaulois ?
J’étais particulièrement remonté le reste de la journée.

Pour un changement de paradigme

Les pays européens doivent se répartir plus justement les populations qui arrivent de manière illégale dans l’espace Schengen. Plus encore, la France et ses partenaires doivent accepter, en plus des réfugiés qui continueront à demander un droit d’asile, un quota de travailleurs économiques. Dans de nombreux domaines, et ce malgré la crise actuelle, il y a un déficit de main d’oeuvre. Selon l’Insee « au 4e trimestre 2019, 20 % des entreprises en France déclarent, dans les enquêtes de conjoncture, être limitées dans leur activité en raison d’un manque de main-d’œuvre. Cette part a fortement augmenté depuis 2017 : fin 2016, seules 10 % des entreprises signalaient de telles pénuries de main-d’œuvre. »

Alors pourquoi ne pas accepter les personnes motivées ? Pourquoi laisser des personnes dans l’incertitude et la misère pendant des années ? Pour satisfaire l’opinion bien sûr alimentée quotidiennement pas des médias tels que Cnews qui donnent la parole aux idéologues d’extrême droite. La libération de la parole xénophobe a été totale sur les réseaux et depuis quelques mois à la télévision. Nombreux sont ceux qui font des amalgames vis-à-vis des nouveaux arrivants. Selon les Zemmour et autre Goldnagel, ils représentent un danger. Pourtant, quand on parle d’insécurité, celle-ci est provoquée principalement par une minorité de jeunes qui ont bel et bien la carte d’identité française. Quelle sera la prochaine étape ? Le bon sens doit l’emporter, il est plus que temps !

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