casse couille

Sacrées expressions : « un casse-couille »

On en connait tous, il nous pollue la vie, on le honnit, on le fuit, le « casse-couille » ! Dans cette nouvelle rubrique consacrée aux expressions, je vais vous expliquer quelle est l’origine de cette expression et ses acceptions.

Le mot "couille"

Il semblerait que ce substantif féminin soit très ancien. Provenant du latin colea, désignant son alter égo féminin, on le retrouve sous le terme de « coille » dès 1178 dans Le Roman de Renart pour désigner les testicules. Afin d’exprimer la lâcheté, ce terme n’a été employé qu’au XVIème siècle. Quant à l’expression « couille molle », elle a été couramment utilisée d’une manière argotique vers le milieu du XIXème siècle.

"Il casse les couilles ce prof"

Bien qu’aucun n’ait osé l’exprimer devant moi, il n’en demeure pas moins que cette expression volontairement grossière est relativement récente. Il exprime une forme d’exaspération à l’égard de quelqu’un. Généralement, l’expression renouvelée employée par certains est : « Je m’en bats les couilles ». Cependant, Louis-Ferdinand Céline l’employa dès 1936 dans Mort à Crédit : « ll me regarde encore… il reprend son oraison! … − Alors! T’as bien vu? … que je lui fais… t’as compris quand même dis casse-couille? … maintenant, tu vas rester tranquille? ». Sarte l’employa également en 1949 dans La mort dans l’âme : « Ah! dit-il exaspéré, tu me casses les couilles ».

Le fameux casse-couille

Il est difficile à supporter et nous énerve dans la vie réelle, mais au cinéma ou au théâtre, il nous ravit. Pensons à François Pignon, le héros récurent du réalisateur français Francis Veber. On pense de suite à Jacques Villeret dans « Un dîner de cons » (1998) ou à Pierre Richard dans « Les Compères ». Un film lui a cependant rendu un hommage plus qu’appuyé : « Le bal des casse-pieds » réalisé par Yves Robert en 1992. Le personnage principal, Henri Sauveur, est harcelé par les casse-pieds. Dans l’extrait ci-dessous par exemple, des « djeuns » de l’époque viennent le déranger alors qu’il veut déclarer sa flamme à Louise. Symphonie argotique à l’horizon avec « elle casse les lecs » qu’on comprend à l’aise. Argot des années 1980 faut-il le préciser ! 

Les autres expressions

On n’a pas fini de parler des casse-couilles ! Ceci dit, on pourrait employer d’autres expressions. Sont-elles moins vulgaires ? Pas forcément. Bien sûr, on vient de parler des casse-pieds, mais il existe de nombreux dérivatifs et autres synonymes:

  • casse-bibelots (Vulgaire) (Rare)
  • casse-bonbon ou casse-bonbons (Populaire)
  • casse-burette (Vulgaire)
  • casse-burne ou casse-burnes (Vulgaire)
  • casse-claouis (Algérie) (Vulgaire) (Rare)
  • casse-noix.
  • emmerdeur
  • enquiquineur
  • lourd ou relou
  • gonadoclaste
  • querelleur
  • être importun

La prochaine que vous en voyez un, pensez à employer, non pas le terme « casse-couille », mais soyez original. Personne ne comprendra le terme de godanoclaste (employé normalement sur le ton de la plaisanterie), querelleur vous fera passer pour un homme du XVIème siècle. Par contre, le terme lourd sera souvent le plus approprié, mais pas toujours. Que dire en effet en face de cas sociaux, spécimens rares, digne d’être empaillés ou étudiés par la médecine ? Casse-bonbon ou casse-noix semblent évocateurs. Et vous, quel terme employez-vous et quel est celui que vous préférez ?

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